Saturday 1 August 2009

Les geants de Kodiak

 
Durant l'ete 2009, je ne pus continuer mon aventure a travers le Canada car je devais quitter le pays pour reoptenir un nouveau visa et permis de travail. Je partis donc en Alaska, et je decidai d'aller visiter l'ile de Kodiak, reputee pour heberger les plus gros ours du monde: les ours de Kodiak. Je partis en auto-stop, et parcouru les 3500km jusqu'a Anchorage en seulement 3 jours! Je pris le ferry et accostais sur l'ile de Kodiak debut Aout. J'achetai un kayak sur place et m'elancai pour ma premiere experience en kayak de mer, seul, autour de l'archipel de Kodiak (6 iles principales). La cote Est fut relativement calme et je ne croisais personne, sauf lors de mon passage dans un petit village cotier pour recompleter mes provisions. La cote Sud etait plus sauvage, la mer plus grosse et le vent plus violent, empechant les arbres de pousser. Les ours y sont egalement plus nombreux. Un apres-midi, je vis un gros ours se promener sur la plage et voulu m'en approcher, en kayak, pour prendre une photo. Mais lorsqu'il me vis assez proche, il bondit dans l'eau et essaya de m'attrapper! Je fis demi-tour aussi vite que je le pu et fus rapidement hors de porter. Le soir, au bivouac, je le revis, il marchait dans ma direction, mais ne semblait pas m'avoir vu. Au dire des gens et de ma propre experience, les ours evitent le contact avec les hommes en regle general. Mais ils voyent mal, et confondent parfois un humain avec une proie. Je decidais donc d'aller au devant, de lui faire sentir qui j'etais, et etais sur qu'il s'en irait alors. Je n'avais comme protection qu'une bombe aerosol anti-ours, genre bombe au poivre, et mon poignard de chasse (arme ridicule contre un ours, mais mieux que rien...). Je pris les deux ainsi que mon appareil photo. Je me dirigeais donc vers lui, et lorsqu'il m'apercu, il se mit a courir, vers moi... Je m'arretai et essayai de reflechir rapidement sur la situation. Je grimpai sur un rocher d'un metre de haut et levai mes bras, pour paraitre plus imposant. Il ne changea ni son allure ni sa direction. J'avais le vent de face, donc l'ours ne pouvait me sentir. Je gravis alors un haut talus bordant la plage dans l'idee de contourner l'ours et lui permettre de me sentir. En haut du talus, je vis l'ours s'arreter au pied du sentier, se dresser sur ses pattes et humer l'air. Comme prevue, il fit demi-tour et s'enfuya.
Je retournais a mon bivouac et me glissais dans mon sac. Un bruit me reveillai. J'ouvris la porte moustiquaire de la tente et jettai un oeil: l'ours etait la, a une dizaine de metre de moi. Il essayait d'attraper des poissons qui cherchaient a remonter le ruisseau pres duquel je campais. La saison des saumons demarrait enfin! Ils etaient en retard cette annee, et les ours avaient fain. Mais ca ne faisait pas mon affaire cette nuit la... Un ours brun si pres de la tente, ca rend pas le sommeil facile. Je m'assis devant la tente, la bombe anti-ours dans une main, le poignard de l'autre, et montai la garde. L'ours perdit l'interet sur les poissons et fut attire par le kayak. Il sentait probablement la nourriture stocke a l'interieur. Des qu'il s'approcha du kayak, je geulai, et il recula! Les ours se mefient des  hommes, et celui la ne fit pas exception. En regle general, si l'on a beaucoup de confiance et ne montre aucune peur, un animal, meme aussi puissant qu'un ours, prefera passer son chemin. Et mon ours me quitta definitivement vers 3 heures de matin. J'allai me recoucher aussitot.
Au Sud de l'ile, je stoppai dans une usine de mise en boite de poisson, ouverte seulement durant la saison des saumons. Des centaines de personnes, venant d'Alaska, du reste des Etats-Unis, et beaucoup des Phillipines, y travaillaient, 12h/jours, 7j/7. Je fis la rencontre du directeur, qui fut surpris de voir un kayakiste arrive jusque la. Il m'invita prendre un cafe puis me fit visiter les lieux. Les ouvriers me regarderent d'un air etonne: mais qui etait donc ce gars qui venait d'arriver en kayak et qui maintenant se faisait faire la visite du proprietaire par le grand patron? Le soir, je fus invite a manger a la cafeteria, dans la partie reservee aux cadres! Et la nuit, j'eus un apartement a ma disposition (chaque cadre loge dans de petits apartements individuels). J'eatis le bienvenue aussi longtemps que je le desirais.
  Mes rencontres rapprochees avec les ours et les baleines, et le defi du voyage en mer furent une experience inoubliable. Je revins a mon point de depart 40 jours plus tard (et 1000km), a Kodiak city, en hero local. Je fis la Une du journal local et une equipe de television francaise realisant un reportage sur l'ile pour Arte, m'interviewerent et je passai sur le petit ecran!
























Remerciements: Janelle Christiansen, Patrick Quesnel alias "Captain Pat" et Ed Abrahamson