Monday 10 June 2013

Canoe et rando dans le Grand Nord canadien

Mon projet pour l’été 2013 dans le Grand Nord canadien:
- 1000km en canoë, de la foret boréale a l'arctique
- 355km à pied à travers les montagnes Mackenzie

Remonter la rivière Snare:
          Je suis partis mi-Juin en canoë, seul, dans l'objectif de descendre la rivière Coppermine. Je quittai Yellowknife le 17 Juin, et commençai mon voyage sur le Grand Lac des Esclaves. Le temps fut radieux, même si je dus parfois lutter contre le vent. Après quelques jours, j'atteignis Bechoko, un petit village peuples principalement d’aborigènes. Je fis un tour au magasin d'alimentation, puis continuai ma route, cette fois en remontant la rivière Snare, sur 350km. Le début fut facile, ce n’était qu'une succession de lacs, et le temps se maintenait au beau fixe.
          Après une dizaine de jours, je tombai sur un canyon. Il y avait trop de rapides pour passer en cordant le canoë, je dus donc effectuer un long portage. Pendant toute une journée, je fis des allers-retours pour transporter mes affaires le long du canyon. Sur la carte topographique, il existe un chemin de portage, mais les aborigènes, qui étaient les principales personnes a l'utiliser, ne voyagent plus en canoë, et la Nature a repris ses droit. Le chemin a disparut. Des sentiers créés par les élans et les caribous m'aident a progresser dans le fouillis de la foret boréale. Et, chose étrange, les moustiques sont quasi inexistant! Après une grosse journée de 13h, épuisé au point d'en avoir des sueurs froides, je plantai enfin ma tente. Je n’étais pas arrive au bout du canyon, la vue d'un prochain rapide me promettait une autre journée de labeur... Mais quel fus mon soulagement lorsque au matin, après avoir portage ce rapide, je découvris que j'avais enfin passe le canyon! Les journées plus faciles se succédèrent, pagayant sur des lacs, sous un beau ciel bleu et un chaud soleil.
          Après 2 semaines de voyage, les choses se corsèrent a nouveau. Un autre passage truffe de rapides, et bien plus long que le canyon. Je cordais le canoë lorsque je le pouvais, pataugeant dans l'eau froide parfois jusqu'au thorax, et portageais lorsque je ne pouvais faire autrement. Un travail épuisant, et une progression lente. Mais il faisait beau, et le soleil me réchauffait, condition essentielle pour passer ses journées a batailler dans l'eau froide (je n'avais pas de combinaison néoprène ou étanche, budget serre...). Trois jours plus tard, le ciel se couvrit, la pluie tomba et la température chuta. Ce n’était alors plus la même musique. J'attendis 2 jours que le temps s’améliore. Au 3eme jour, ronge par l'ennui et impatient de progresser, je tentai de passer un premier rapide. Il pleuvait, c’était venteux et froid. Je tirai le canoë par dessus le rapide, immerge dans l'eau jusqu'au ventre. Des que le rapide fus passe, je cherchai rapidement un coin pour camper, montai ma tente, enlevai mes affaires trempes et me glissai dans mon sac de couchage, m'endormant comme une masse. J’étais frigorifie. Continuer signifiait l'hypothermie.
          Le jour suivant, le ciel se découvrit enfin. Le soleil perçait a travers les nuages, assez pour me permettre d'avancer a nouveau. La matinée fut tout aussi difficile, mais au fur et a mesure, la rivière devenait plus facile, et en fin de journée, quel bonheur lorsque j'atteignis enfin le grand lac Snare! Je stoppai au village de Wekweeti durant près de 2 jours, contant de changer ma nourriture quotidienne mais surtout de recharger les batteries de mon appareil photo et ma camera. En effet, je filmais le voyage en vue d'en faire un petit film de 20mn, et de m’entraîner à filmer pour un projet de traversée de l'arctique canadien a skis, prévue pour début 2014.
          La météo semblait être définitivement revenue au beau fixe lorsque je repris mon voyage. Pas un brin de vent cette journée-la, je couvris 50km. Quelle déception lorsqu'au lendemain matin, je fus accueillis par un épais manteau gris recouvrant le ciel et un fort vent du Nord. Je m’élançai néanmoins. Je pouvais apercevoir une cabane a quelques kilomètres de la et me la donnai comme objectif. Le vent forcissait d'heure en heure, et c'est avec grande peine que j'atteignis la cabane. Elle n’était pas en très bon état, mais elle m'offrit protection contre le vent et la pluie pendant 4 jours. Plus confortable que d’être bloque sous la tente, et ses locataires, 5 écureuils, me donnèrent un peu de distraction.
          Après 4 jours de météo exécrable (fort vent, pluies, ciel gris et froid), je commençais vraiment a trouver le temps long et remis en question mon voyage. J’étais partis il y a maintenant 4 semaines, et je suis reste bloque 8 jours au total, soit 25% du temps. C'est énorme, et ennuyeux. Ce voyage ne m'amusait plus, la météo capricieuse me dégoûtait. Je n’étais pas la pour faire un voyage hard-core cette fois, mais pour relaxer, prendre du bon temps et découvrir la rivière Coppermine. A cause de la météo, si je persistais et continuais jusqu’à Kugluktuk (arrivée), je prenais le risque de finir ce voyage trop tard et donc de ne pas pouvoir faire la randonnée sur la Canol Trail. L'avion qui nous (2 amis m'accompagneront) déposera au point de départ a été réservé pour le 04 Août et il me faut quelques jours pour préparer mes affaires. J'aurai donc eu un voyage en canoë pas très amusant, et rater l’opportunité de cette randonnée, qui semble superbe. Une fenêtre météo s'ouvrit, rien d'exceptionnel, mais un vent plus faible. Je décidai alors de faire demi-tour et rejoindre Wekweeti. Je mis 2 jours pour couvrir la distance, sous la pluie quasi-constante et bataillant parfois avec un vent très fort, venant cette fois du Sud... A un moment, je du m’arrêter et charger le canoë de lourd morceau de bois trempe pour abaisser sa prise au vent et améliorer sa tenue de cap.
          Je revendis le canoë au village, et pris l'avion le jour même de mon arrivée, retour a Yellowknife, ayant effectue 500 des 1000km prévue. Je restais chez mes amis, me préparant pour la randonnée.













                                                                                                                   
Randonner le Canol Heritage Trail: 
      Aout, avec mes amis Rupert et David, et son chien Sami, nous arpentâmes les 222 miles (355 km) du Canol Heritage Trail, un sentier de randonnée traversant les montagnes Mackenzie, entre les Territoires du Nord-Ouest et le Yukon.
      Durant la Seconde Guerre Mondiale, l'armée américaine construisirent une route pour ramener le pétrole de Norman Wells (Territoires du Nord-Ouest) jusqu'à une raffinerie à Whitehorse (Yukon). La route fut construite à grand frais, mais souffrit de difficultés techniques. Elle fut abandonnée après seulement 13 mois d'utilisation. Des sections du pipeline, les stations de pompage, du matériels abandonnés et autres bâtiments jalonnent encore le chemin. Dû à son isolation, sa longueur et ses traversées de rivières, ce sentier est considéré comme l'un des plus difficile d'Amérique du Nord.
      Après 16 jours à travers marécages infestés de moustiques, pierriers, montagnes et rivières glaciales, nous finîmes sous la pluie au sommet de la chaine des montagnes Mackenzie, sous un paysage grandiose de haute montagne. Mes amis avaient déjà fait cette randonnée 2 fois, en 27 puis 30 jours.
      Les 2 premiers jours furent les plus difficiles. Les 25 premiers miles (40 km) étaient couvert par des marécages, et nous décidâmes de les passer en une seule journée. Camper dans une zone infestée de moustiques ne nous réjouissait guère. La végétation avait repris le dessus sur l'ancienne route, et ils nous fallait souvent passer d'épais broussailles à quatre pattes, avec un sac de 25 kg sur le dos... De nombreux trous d'eau nous barraient la route, nous les traversions de l'eau jusqu'au ventre. La progression était pénible et nous doutions de notre capacité à avaler 40 km dans la journée. Mais après 11 à 12 heures d'efforts, nous atteignîmes les bords de la rivière Carcajou, où une cabane nous accueillit pour une nuit bien méritée.
      Le lendemain, encore douloureux des épreuves de la veille, une autre dure journée nous attendait. La traversée de la rivière Carcajou fut un peu mouvementée. Je glissai et fut emporté par le courant. David tenta de me venir en aide et fut lui aussi happé par les flots. Il termina sur la rive opposée, sain et sauf mais le sac à dos plein d'eau. Je rejoignis la rive de départ sans trop de soucis, mes affaires encore sèches, ayant fais le choix d'un sac étanche attaché sur une claie de portage. Malheureusement mon appareil photo était suspendu à mon cou et fut hors service pendant une grande partie de la randonnée. Avec Rupert, nous trouvâmes un gué où traverser, de l'eau à la taille, et rejoignîmes David.
      Dans l'après-midi, nous remontâmes le canyon Dodo, un immense pierrier couru par un torrent glacial qu'il nous fallait tant de fois traverser. La route avait totalement disparue, emportée par les crues. Les pierres nous meurtrissaient les pieds et les chevilles, et c'est épuisés et endoloris que nous arrivâmes aux bâtiments abandonnés marquant le 36ème miles. Les jours suivant furent moins pénibles. Il y avait encore quelques marécages à passer, 2 importantes rivières (la ''Little Keel'' et la ''Twitya'') à traverser, un autre canyon pierreux à descendre et des dénivelés à avaler, mais le beau temps resta avec nous presque jusqu'à la fin et l'esprit était haut.