Je retournais a mon bivouac et me glissais dans mon sac. Un bruit me reveillai. J'ouvris la porte moustiquaire de la tente et jettai un oeil: l'ours etait la, a une dizaine de metre de moi. Il essayait d'attraper des poissons qui cherchaient a remonter le ruisseau pres duquel je campais. La saison des saumons demarrait enfin! Ils etaient en retard cette annee, et les ours avaient fain. Mais ca ne faisait pas mon affaire cette nuit la... Un ours brun si pres de la tente, ca rend pas le sommeil facile. Je m'assis devant la tente, la bombe anti-ours dans une main, le poignard de l'autre, et montai la garde. L'ours perdit l'interet sur les poissons et fut attire par le kayak. Il sentait probablement la nourriture stocke a l'interieur. Des qu'il s'approcha du kayak, je geulai, et il recula! Les ours se mefient des hommes, et celui la ne fit pas exception. En regle general, si l'on a beaucoup de confiance et ne montre aucune peur, un animal, meme aussi puissant qu'un ours, prefera passer son chemin. Et mon ours me quitta definitivement vers 3 heures de matin. J'allai me recoucher aussitot.
Au Sud de l'ile, je stoppai dans une usine de mise en boite de poisson, ouverte seulement durant la saison des saumons. Des centaines de personnes, venant d'Alaska, du reste des Etats-Unis, et beaucoup des Phillipines, y travaillaient, 12h/jours, 7j/7. Je fis la rencontre du directeur, qui fut surpris de voir un kayakiste arrive jusque la. Il m'invita prendre un cafe puis me fit visiter les lieux. Les ouvriers me regarderent d'un air etonne: mais qui etait donc ce gars qui venait d'arriver en kayak et qui maintenant se faisait faire la visite du proprietaire par le grand patron? Le soir, je fus invite a manger a la cafeteria, dans la partie reservee aux cadres! Et la nuit, j'eus un apartement a ma disposition (chaque cadre loge dans de petits apartements individuels). J'eatis le bienvenue aussi longtemps que je le desirais.
Mes rencontres rapprochees avec les ours et les baleines, et le defi du voyage en mer furent une experience inoubliable. Je revins a mon point de depart 40 jours plus tard (et 1000km), a Kodiak city, en hero local. Je fis la Une du journal local et une equipe de television francaise realisant un reportage sur l'ile pour Arte, m'interviewerent et je passai sur le petit ecran!
Remerciements: Janelle Christiansen, Patrick Quesnel alias "Captain Pat" et Ed Abrahamson